le Verbe taire

PREAMBULE                      la brume enfin venue

laisse à la proximité

le soin de l'horizon

(vous le savez tous)            nul besoin d'aller

très loin vous le savez

&

l'avez

confortablement oublié

je crois

 L'ART ILLIMITE                 la femme de plâtre

n'avait ni l'esprit ni la possibilité

pauvre poussière agglomérée

d'un miracle de chair

non plus que moi

l'idée d'un parfait

SITUATION                         un faible vent

agitait les branches

les dernières feuilles en avaient fini

pour toujours

une fois de plus

sans autre espoir

que recommencer

tant que possible

rien de plus

je crois

petite mort d'automne

danser donne

liberté des gestes

mes cheveux emportés

devant les yeux

me cachent

je rêve comme c'est impossible

quand on dort

danser donne

souplesse de coeur aux falaises

le mot tomber

ni l'écorchure

de nos jeux adultes

ne font plus de peur que de mal

aux corps

le bruit du vide

ils se sont effacés depuis si longtemps déjà

les mots

les miens

là où il y avait parole

il n'y a plus

il n'y a pas silence non plus

mais un bruit indéfinissable

le bruit du vide

le bruit du creux

le vent a la voix de l'arbre ou la falaise

mon silence

est un hurlement malade

sans besoin de mur de bouche

tetraphone du vent

si do♯ fa♯ sol♯

ni bol ni chaîne

tu dois sans bord savoir la limite

tu dois sans immobile être inerte

ni vent ni roche

ni plume ni vent

tu dois sans voix le chanter

tu dois sans nécessité devoir

ni coeur ni bâton

Adoration de la terre (Stravinski)

note intime

Le métier d'artiste n'est pas un métier

je laisse le temps faire son oeuvre
1er Juin 2011

est-il donc magique le
fruit
qui résiste si bien à la corruption ? cette nuit j'ai
cru
le désespoir m'emporter, une cavalcade d'orgue sauvage
martelait noire 138 ses demi-temps des hurlements
s'étiraient tout en haut tandis que la sombre nécessité d'une
fugue
rendait
la fuite
impossible


le temps qui va sans moindre doute
août 2011

maintenant
il n'y a plus rien à faire

le Nu

toi, quand tu es partie tu as tout pris

pas la peine de me dire adieu

partie pris ma main sans moi les fleurs sèchent pas toutes

les larmes

de l'usage

mes mains massaient ses seins
nos reins riaient de nos riens
ils lançaient dans nos bouches d'ancestrales paroles
ont crié se sont tus
emballés dans un livre
j'entends le vide maintenant
qu'il y a dans tout entre-jambe

repos 1 & 2

(sur une table inox)

- Un vieux plâtre diront-ils
ils continueront de sculpter le passé avec leur pinceau

on aurait exhumé cette main
arraché à son corps mes restes
mais je ne suis pas devin
il faut convoquer l'histoire maintenant

Narcisse 1 & 2

ils vont tout effacer sans le savoir

( un fragment de quarante ans

culte pour moi-même )

la caverne

[ une école de village, un peu de soleil un peu d'ombre, quelqu'un ]

On en connait tous, des histoires de cavernes

& bien que sombres, les cavernes, ce sont toujours des histoires

de lumières, au moins de lueurs

Le petit héros ci-dessous

incarne à la perfection le profil du héros d'aujourd'hui,

il n'a pas besoin d'être grand, pas besoin d'être fort

pas besoin d'aventure extraordinaire

un héros domestique comme on le dit d'un animal

bien quotidien bien banal

exactement comme tout le monde pour être à nul

autre pareil

c'est cela un héros aujourd'hui

J'ai des souvenirs d'école (mauvais)
des souvenirs de fac & puis j'ai tourné quelques pages
finalement, j'ai changé de bouquin
il raconte la même histoire mais pas tout-à-fait pareil

Ce petit héros
il apprend tout juste à lire & à écrire
dans sa poche quelques billes
tout-à l'heure, on va l'appeler, il sera assis pour des heures
dans l'ombre de la classe
la lumière du soleil écrasera bientôt le toit de tuiles
il sera dans l'ombre, le petit héros
il sera dans l'ombre il le sait...

l'automne (2)

la fleur

qui va mourir

meurt

sans un bruit

l'eau

qui s'envole

laisse

une brume

l'automne

le soleil

 pour le maquillage

la raison

 le vitriol

une horloge biologique

 la corde

peu après

(... & je viens de constater que ces photos fonctionnaient idéalement par paires

M. Jourdain & combien de somnambules font ainsi les choses ?

Ce qui est bien 

ce qui est rassurant

ce qui est inquiétant ) 

croix de vin

le petit monde est plus vaste que le grand
le petit monde a les transparences du vide
le petit monde porte la couleur comme seuls peuvent les rêves d'artistes

dans le petit monde
il n'y a rien
il n'y a personne
ma tête tourne & résonne
de voix inconnues & aimées
j'ai enfin le courage d'être faible
& me donner

le petit monde est un vice
le petit monde refait le grand
le petit monde a des cris comme seuls peuvent l'amour ou la haine

quand ils ont éteint toutes les lumières
j'ai pris une main pour ne plus avoir peur
pourtant, je ne sais pas qui tu es